Sortir du soja exposé à la conversion d'écosystèmes

Après avoir défini dans une première publication les notions techniques clés liées au changement d’usage des sols ainsi que les enjeux de conversion liés à quatre types d’écosystème, Carbone 4 propose ici de s’intéresser, au travers de l’exemple du soja importé dans la filière bovin lait, à la réduction de l’importation de matières premières issue de la conversion d’écosystème.

L’objet de cette publication est d’étudier et de comprendre les leviers à disposition de cette filière française afin de réduire la dépendance du secteur aux importations de soja à l’origine de conversion d’écosystèmes. 

 Cette étude s’articule en deux grands axes :

1. La description des enjeux autour de l’importation de soja en France, les régions exportatrices et les enjeux de conversion d’écosystèmes qui lui sont associés. Carbone 4 propose également une description du lien de la filière bovin lait avec ces importations de soja.
2. L’analyse des trois principaux leviers d’actions à disposition de la filière bovin lait pour réduire la dépendance de la filière au soja à l’origine de conversion d’écosystèmes naturels. Cette analyse passe par l’étude de la faisabilité technique et des limites associées via des exemples de mise en œuvre de ces leviers.

Cette publication montre que même en combinant les trois leviers, il est complexe pour la filière de se passer de soja lié à de la conversion d’écosystèmes naturels et qu’il est donc indispensable d’envisager la baisse relative dans l’alimentation humaine de la part protéique d’origine animale.

Cette série de publication se terminera par une analyse visant à questionner la pertinence des labels de certification environnementale, au travers des cas du soja et du cacao.

• Plusieurs solutions sont à disposition des acteurs du secteur de l’élevage de bovins lait pour sortir du soja exposé à un risque important de conversion d’écosystème. Des solutions en termes de traçabilité des lots importés émergent et peuvent être utilisées mais à ce stade la disponibilité de lots certifiés ne permet pas de répondre aux ambitions françaises et européennes (les volumes de soja ségrégué labelisés par les labels RTRS ou Proterra représenteraient chacun moins de 1% des volumes totaux produits).
• Ainsi, la filière d’élevage bovin laitier doit activer les autres leviers à sa disposition, en commençant par repenser le mix alimentaire et évaluer le potentiel de relocalisation de la production de protéines pour l’alimentation animale. Des solutions existent sans réduction de rendement et de nombreuses alternatives sont étudiées.
• Ces solutions, en plus de devoir tenir compte des politiques de relocalisation et des scénarios climatiques, vont devoir prendre en considération la disponibilité des surfaces agricoles qui risquent d’être très sollicitées pour fournir des solutions de décarbonation pour de nombreux secteurs (biocarburant, éoliens, photovoltaïque, etc.)
• Seul l’aspect de mise en œuvre technique des différents leviers a été étudiée mais il est certain que la planification de la réduction de la dépendance de la filière bovin lait à la déforestation importée doit se faire en prenant en compte l’aspect économique et plus particulièrement les charges et revenus des éleveurs au regard de cette transition.