Les entreprises face aux risques physiques liés à la dérive climatique :

Idées reçues, positionnement stratégique et bonnes pratiques

Auteurs et autrices : Violaine Lepousez, Justine Mossé, Théo Girard

Résumé de la publication

S’adapter à la nouvelle donne climatique est un sujet de stratégie. Les enjeux posés sont d’ordre variés : santé et sécurité des employé·es et client·es, continuité d’activité, coûts financiers, capacité à recruter et retenir ses employé·es, enjeu de réputation, voire dans certains cas pérennité du modèle économique.

Pour espérer que les entreprises se saisissent véritablement du sujet, il faut accepter d’y passer du temps et d’y consacrer des moyens, car les approches qui semblent simples et suffisantes minorent en réalité l’éventail des risques encourus et des points à traiter :

L’horizon de matérialité des risques n’est pas lointain, mais déjà contemporain.
Être assuré ne signifie pas être résilient : tout n’est pas assuré ni assurable dans les risques encourus.
Les pouvoirs publics seuls ne pourront pas assurer la résilience de nos systèmes socioéconomiques. De nombreux leviers d’action sont à la portée des entreprises, dans tous les secteurs d’activités (qui sont tous concernés).
Avec le temps et l’ampleur des changements climatiques, « s’adapter » ne sera plus possible ni partout ni tout le temps.
S’adapter, ce n’est pas renoncer à réduire ses émissions, etc.

En effet, le dérèglement du climat fait naître de nouvelles catégories de limites physiques qu’il nous faut prendre en compte d’urgence afin de garantir la pérennité de nos activités économiques ou tout simplement humaines pour le plus grand nombre.

Comment assurer la continuité de services de notre alimentation en eau potable ou de nos services de transport avec le même niveau de qualité ? Sera-t-il toujours possible de le faire lors des canicules et sécheresses que nous connaitrons dans les 10 ans à venir ?

Les sites industriels fonctionneront-ils toujours toute l’année avec le même niveau de production et de sécurité lors de ces mêmes périodes ?

Comment réorganiser les chaînes d’approvisionnement pour limiter les périodes de pénurie ou tout simplement l’inflation des prix qui a lieu lors d’épisodes climatiques violents ici ou ailleurs dans le monde ?

Face à des perturbations climatiques toujours plus nombreuses et intenses, notre système socio-économique, qui a lui-même engendré le problème du réchauffement, est durement mis à l’épreuve comme le montrent les récentes statistiques sur ces deux dernières années.

S’adapter au climat qui change, ce n’est donc certainement pas revenir à l’état N-1 : c’est intégrer une somme de contraintes qui n’avaient jamais été (ou trop peu) prises en compte auparavant ; c’est transformer notre fonctionnement en tenant compte de limites franchies et de fragilités nouvelles.