Nouveau Plan National d’Adaptation au Changement Climatique : qu’est-ce qui change ?
Introduction
La nouvelle version du Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC 3) a été officiellement publiée et ouverte à la consultation[1].Elle représente une avancée significative dans la définition des actions à mettre en place pour assurer la résilience des territoires, des populations, des infrastructures (routes, réseaux, télécom, etc.) et des activités face aux impacts futurs du changement climatique.
Le pôle Adaptation de Carbone 4 partage ici son regard sur ce nouveau document structurant pour l’adaptation en France.
Pourquoi ce PNACC est un outil important pour l’Adaptation ?
Les effets du changement climatique, dont nous sommes régulièrement témoins, vont s’intensifier à la fois en fréquence mais aussi en gravité.
Bien que moins médiatisées que les mesures d’atténuation, les politiques d’adaptation visent à se préparer à ces risques et à s’en protéger autant que possible. En France, le PNACC (Plan National d’Adaptation au Changement Climatique) est le Plan National officiel élaboré par le Ministère de l’Écologie et du Développement Durable. Le premier PNACC a été élaboré en 2011 et en 2024 sort la troisième version, le PNACC3. Le PNACC poursuit quatre grands objectifs : protéger les personnes et les biens en assurant la sécurité et la santé publique, prendre en compte les dimensions sociales pour éviter les inégalités face aux risques, limiter les coûts tout en tirant parti des opportunités, et préserver le patrimoine naturel[2].
Le PNACC 3 nous parait une bonne avancée car il vise à mettre un mouvement l’ensemble des acteurs clef du territoire sur l’adaptation, ce qui nous parait essentiel au vu du caractère multi-dimensionnel des risques engendrés par le climat.
L’adaptation est en effet un sujet complexe car multi-dimensionnel : nous parlons ici de nombreux aléas climatiques (inondation, vague de chaleur, sécheresse, perturbation des cycles de gel etc.) qui vont toucher tous les aspects d’un territoire et d’une organisation.
Prenons l’exemple d’une organisation « A » (une entreprise ou une collectivité). Les aléas vont avoir des impacts sur ses actifs qu’ils soient naturels ou immobiliers (champs, bâtiments), sur les ressources physiques (eau, air, sols, écosystèmes etc.), sur les infrastructures et équipements dont dépendent les activités, mais aussi et surtout, la population.
Or l’organisation A n’est pas directement responsable de l’état des routes que ses employés et ses fournisseurs empruntent pour rejoindre son site de production principal. Ainsi l’organisation dépend des services essentiels rendus par d’autres acteurs (approvisionnement en eau, disponibilité des routes, capacité des employés à se rendre sur leur lieu de travail etc.).
Par ailleurs, si l’organisation souhaite se lancer dans une démarche d’adaptation, elle devra commencer par réaliser un diagnostic des risques. Pour réaliser ce diagnostic, elle utilisera des données propres à son organisation, mais aussi des données extérieures, produites par des tiers (par exemple les projections climatiques) et qui sont spécifiques à chaque territoire.
Enfin, l’identification des actions à mettre en place pour contenir ces risques et diminuer la vulnérabilité et leur planification supposent également de détourer les leviers d’actions qui sont à la portée de l’organisation et ceux à la main d’autres parties prenantes (fournisseurs, prestataires, territoires, filières…).
Une vision systémique et spécifique des risques est donc essentielle pour identifier ces derniers et pour y associer les solutions d’adaptation appropriées à chaque acteur[3]. C’est pourquoi le PNACC 3 nous parait une bonne avancée car il propose des actions d’adaptation pour l’ensemble des acteurs clef du territoire sur l’adaptation.
Ensuite, le PNACC met en avant des grands principes qui nous semblent alignés avec les meilleures pratiques observées chez les précurseurs de l’adaptation :
- privilégier les actions sans regret, c’est-à-dire ds actions qui permettent de réduire les risques quelles que soient les trajectoires climatiques
- mettre en place le « réflexe » adaptation, c’est-à-dire « généraliser une culture de l’adaptation dans l’ensemble de la société »
- séquencer les actions de manière progressive et anticipée,
- prioriser les co-bénéfices (des actions qui permettent à la fois de s’adapter aux risques, mais également de contribuer à d’autres axes d’action comme la biodiversité ou encore l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre
- et évidemment décliner de manière spécifique à chaque acteur et territoire.
Que dit ce nouveau PNACC ?
Le plan d’adaptation comporte 51 mesures réparties en 5 axes. Nous proposons de revenir sur certaines des mesures marquantes qui vont concerner les entreprises. L’analyse suivante est donc loin d’être exhaustive, mais donne des pistes sur la manière dont une entreprise peut se saisir du PNACC[4].
Au travers des mesures, le PNACC fournit en fait un parcours assez balisé pour les entreprises.
Tout d’abord, si votre organisation intervient dans un service essentiel, ou organisme vital (par exemple, le transport ferré), il lui sera demandé de réaliser un diagnostic de risque et de construire un plan d’adaptation (voir les mesures 30, 31, 32, 33). Pour ce faire, le PNACC fournira les grands repères essentiels : les méthodes à utiliser sont en cours de tests (mesure 41), les impacts prioritaires par secteur aussi (mesure 41), les données seront enrichies par une cartographie des risques naturels actualisée (mesures 3, 4, 5, 6 et 7), les normes alignées sur la TRACC (mesures 23, 24), des retours d’expériences des actions seront partagées (mesure 40), un focus sur les solutions fondées sur la nature (mesure 20). Le secteur productif autour du vivant (tourisme, agriculture, élevage, pêche, et bois) est visé par 4 mesures (35 à 39).
Pour les entreprises, le référentiel OCARA[5] fournit un cadre d’analyse des risques intégrant cette vision systémique. Si nous reprenons le cadre OCARA pour analyse, l’organisation peut être impactée sur son scope A (périmètre de responsabilité directe sur son site) et son scope B (dépendance directe mais hors de son périmètre de responsabilité directe).
Dans le scope A nous retrouvons les actions visant la santé des employés, clients et prestataires sur site (par exemple, les mesures 11, 14, 15, 16, 17, 19), mais aussi l’intégration de l’adaptation dans le bâti et équipements (par exemple : 12, 24) et la prévention des risques (19, 40). Dans le scope B, nous retrouvons les actions liées à l’eau (21), la résilience des transports, énergie et télécom (30, 31 et 32) et les autres services essentiels (28, 29, 33) dont dépend tout type d’organisation. L’aspect chaîne de valeur est partiellement pris en compte à travers le focus sur les chaînes logistiques (33). Et au-delà des gestionnaires de transport ou d’énergie, la mesure 34 introduit le conditionnement de l’obtention de certaines aides publiques aux entreprises à la bonne prise en compte des enjeux d’adaptation, ce qui parait être un levier important pour élargir le périmètre des entreprises incitées à travailler sur le sujet.
Que manque-t-il à ce PNACC ?
En premier lieu, un budget et un planning réaliste.
Les idées sont bonnes, les porteurs identifiés en partie, mais le budget semble dérisoire (la plupart des actions étant associés à un « pas de budget complémentaire »). Le planning est parfois très ambitieux quand on sait l’ampleur du travail à réaliser, certaines entreprises n’ayant jamais abordé le sujet de près ou de loin, et les données TRACC étant mises à disposition de manière progressive au fil des mois.
La TRACC (Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation)[6], est donc à présent la trajectoire de référence à utiliser, à côté des autres scénarios d’évolution climatique issus du consensus scientifique international du GIEC (« RCP » et « SSP » )[7] et sur lesquels se sont basés les référentiels de reporting comme la CSRD ou la Taxonomie[8]. Il sera donc nécessaire de rendre accessible l’ensemble des jeux de données TRACC , mais aussi un guide d’utilisation de ces données climatiques (par exemple, avec des recommandations sur les indicateurs à utiliser en priorité, et dans quels cas utiliser d’autres scénarios plus pessimistes). Enfin, comme nous l’expliquions dans notre note[9], les analyses TRACC mériteraient d’être complétées par l’étude d’évolution du climat plus pessimiste, moins probable mais à fort impact, et ce d’autant plus pour les investissements de long terme qui requièrent d’analyser les risques à horizon fin du siècle.
Il sera également nécessaire de guider les entreprises sur les méthodes à utiliser pour mener l’analyse, de préciser les grandes caractéristiques qui garantissent la qualité des évaluations de risques, et qui permettraient de s’assurer de l’homogénéité des études et de la qualité des plans d’actions.
Il s’agira également de construire et fournir un cadre d’analyse pour capturer les scénarios de choc climatique à fort impact : il s’agit de combinaison d’aléas climatiques qui peuvent mettre à mal le fonctionnement de certains systèmes vitaux ou bien de zone de défaillance unique particulièrement sensible dans certaines filières économiques. Ce travail pourrait être réalisé en partenariat entre des acteurs publics et privés.
Enfin, si le PNACC permet de mettre en mouvement un nombre important d’acteurs économiques sur le sujet de l’adaptation, il donne très peu de visibilité sur la manière dont toutes ces démarches seront itérées, et renforcées une fois les premières études sorties.
OCARA est une méthode PNACC compatible
Dans ce contexte et face à ces objectifs, la méthode OCARA fournit un bon cadre d’analyse pour traiter le sujet, permettant d’alimenter des référentiels comme Act Adaptation ou la CSRD, mais surtout de construire des trajectoires d’adaptation concrètes et adaptées à chaque acteur, suivant les grands principes énoncés dans le PNACC. Cette méthode est publique et disponible sur notre site internet.
Fort de nos 10 ans d’expériences auprès des acteurs économiques de tout secteur, nous avons forgé une solide expertise pour accompagner au mieux les entreprises dans l’évaluation des risques liés à la dérive climatique et l’élaboration de plan d’adaptation, tant au niveau des sites qu’au niveau groupe. Aujourd’hui nous menons des diagnostics de risque climatique chez nos clients, nous les aidons à construire leur plan d’adaptation, nous les formons et nous les outillons pour les accompagner dans la prise en main et la mise en œuvre du réflexe Adaptation.
Contactez-nous
Pour toute question sur Carbone 4, ou pour une demande concernant un accompagnement particulier, contactez-nous.