Le 4 avril 2022 dernier est paru le nouveau rapport du groupe de travail III du GIEC (en anglais, IPCC —&nbsp;Intergovernmental Panel on Climate Change).&nbsp;Ce dernier rapport fait suite à ceux des groupes de travail I et II, qui abordent respectivement l’état des lieux de la crise climatique, en proposant une synthèse des connaissances sur les climats passés, présents et futurs,&nbsp;et les impacts du changement climatique, en s’intéressant aux enjeux d’adaptation et de vulnérabilité.&nbsp;Ce dernier volet du 6ème rapport d’évaluation du GIEC étudie les scénarios de baisse de réduction des gaz à effet de serre pour limiter le changement climatique, autrement dit, les moyens d’action.&nbsp;Après avoir fait le constat de la hausse continue des gaz à effet de serre et de l’intensification des événements climatiques extrêmes depuis la période pré industrielle, ce dernier rapport ne laisse aucun doute&nbsp;: il faut agir aujourd’hui et de manière radicale, au sein de tous les secteurs, si nous voulons limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C.&nbsp;Nous vous proposons ici une&nbsp;synthèse des points clés du rapport.<h2>Préambule&nbsp;: qu’est-ce que le GIEC&nbsp;?</h2>«&nbsp;Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988 en vue de fournir des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade.&nbsp;»Le GIEC ne produit donc pas de nouvelles recherches&nbsp;; il fait le point sur l'état des connaissances, à partir de l'évaluation critique des éléments issus des publications scientifiques.Ces évaluations sont fournies aux gouvernements afin d’élaborer des politiques et de définir des orientations, et servent de base de travail dans le cadre des négociations des COP (Conférence des Parties).&nbsp;Il est composé de&nbsp;trois groupes de travail&nbsp;:&nbsp;<ul><li>Le groupe I&nbsp;travaille sur les bases physiques du climat et analyse les climats passés, présents et futurs. Il établit différents scénarios possibles en fonction des émissions de gaz à effet de serre émises par l’humanité.</li><li>Le groupe II&nbsp;travaille sur la vulnérabilité des sociétés humaines, des écosystèmes et des systèmes socio-économiques face à la dérive climatique, les conséquences du changement climatique, et les options d’adaptation.</li><li>Le groupe III&nbsp;étudie l’atténuation du changement climatique, l'évaluation des méthodes de réduction des émissions de gaz à effet de serre et l'élimination des gaz à effet de serre de l'atmosphère.</li></ul><h2>Le rapport du groupe III du 6ème Rapport d’évaluation du GIEC</h2>Le rapport du groupe de travail III est ainsi le troisième volet du sixième Rapport d’évaluation du GIEC. Le rapport du groupe I est paru en août 2021&nbsp;et celui du groupe II en février 2022.&nbsp;Ce rapport du groupe III est le fruit d’un travail d’analyse de 18&nbsp;000 publications scientifiques, par 278 auteurs et autrices, qui ont passé en revue plus de 59&nbsp;000 commentaires.&nbsp;L'ensemble des documents liés au rapport du groupe III "Climate Change 2022 : Mitigation of Climate Change"&nbsp;sont disponibles <a href="https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-working-group-3/">ici</a>.&nbsp;<h2>Quels sont les points à retenir de ce rapport&nbsp;?</h2>Ce rapport met en lumière le fait que les politiques climatiques en place sont insuffisantes. Nous sommes encore très loin de la trajectoire qui nous permettrait d’atteindre les objectifs que s’est fixée la communauté internationale.&nbsp;Si nous ne parvenons pas à réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre avant 2030, le réchauffement planétaire dépassera les 1,5 °C, entraînant avec lui son lot de conséquences sur les écosystèmes.&nbsp;Le rapport fait état d’un panel de solutions pour nous guider vers un monde bas-carbone. Si ces solutions sont déjà connues, il est intéressant de noter que la notion de sobriété (“sufficiency” en anglais) est largement mise en avant, une première pour le GIEC, qui révèle l’urgence de la situation.&nbsp;Les prochaines lignes proposent une synthèse (très succincte) des principaux points à retenir du rapport. Nous vous invitons cependant à lire la synthèse disponible <a href="https://report.ipcc.ch/ar6wg3/pdf/IPCC_AR6_WGIII_SummaryForPolicymakers.pdf">ici</a>.&nbsp;<h3>Développements récents et tendances actuelles</h3><ul><li>Les émissions anthropiques (liées à l’activité humaine) totales nettes de gaz à effet de serre (GES) ont continué de croître sur la période 2010-2019, tout comme les émissions nettes cumulées depuis 1850. Les émissions annuelles moyennes au cours de la période 2010-2019 ont été supérieures à celles de toutes les décennies précédentes, mais le taux de croissance entre 2010 et 2019 a été inférieur à celui enregistré entre 2000 et 2009.</li></ul><figure class="image"><img src="https://carbone4.com/files/IPCC_AR_6_WGIII_Figure_SPM_1.png"></figure><ul><li>Depuis 2010, les émissions anthropiques nettes de GES ont augmenté au sein de tous les grands secteurs (industrie, énergie, transport, agriculture, construction) et autour des zones urbaines. Des initiatives de réductions telles que l’amélioration des processus ou l’efficacité énergétique, restent aujourd’hui insuffisantes par rapport aux émissions liées à la hausse mondiale de l’activité.</li><li>Les répartitions des émissions de GES continuent de varier de manière inégale, à la fois géographiquement et socialement. Les 10 % de ménages ayant les émissions par habitant les plus élevées contribuent par exemple à 34-45% des émissions globales de gaz à effet de serre des ménages.</li><li>Les coûts de production d’électricité à base d’énergies renouvelables sont en baisse constante depuis 2010. Des politiques adaptées et globales ont permis à ces énergies bas-carbone de se développer, mais les régions les moins développées restent confrontées à des difficultés (financières, technologiques etc.) pour garantir leur déploiement. Porteuses d’espoir, il est néanmoins important de garder en tête que la production d’électricité renouvelable est encore très faible au niveau mondial.</li></ul><figure class="image"><img src="https://carbone4.com/files/IPCC_AR_6_WGIII_Figure_SPM_3.png"></figure>Concernant les politiques et lois d’atténuation mises en place depuis le dernier rapport du GIEC de 2014, et qui restent certes insuffisantes, les travaux des scientifiques montrent qu’elles ont tout de même permis d’éviter plusieurs gigatonnes d’émissions de CO2 équivalent.&nbsp;&nbsp;&nbsp;<ul><li>Si l’on veut espérer respecter les objectifs de l’Accord de Paris, il faut agir avant 2030. Tant pour les scénarios qui limitent le réchauffement à +1,5°C ou +2°C, il sera très difficile de les respecter au cours du 21ème siècle si nous ne nous engageons pas sur une réelle trajectoire d’atténuation avant 2030. Le GIEC insiste sur la nécessité, et ce dès maintenant, de fermer de manière prématurée une partie des infrastructures de charbon, gaz et pétrole. Les estimations montrent en effet que si nous les exploitons toutes jusqu’à leur fin de vie, nous dépasserons sans nul doute le seuil de 1,5°C.</li></ul><h3>Des solutions pour limiter le réchauffement climatique</h3><h4>Réduction drastique des émissions&nbsp;</h4>Nous devons réduire de manière drastique nos émissions de gaz à effet de serre. Si nous voulons respecter l’Accord de Paris et limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C, les émissions doivent atteindre leur pic entre 2020 et 2025 au plus tard, et décroître jusqu’à atteindre la neutralité carbone en 2050.Les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites de près de 50% d’ici 2030 et de 80% d’ici 2040 par rapport à 2019 pour limiter la hausse des températures à 1,5°C, et l’ensemble des gaz à effet de serre sont à prendre en compte. Avec un pouvoir de réchauffement de l’atmosphère 30 fois supérieur à celui du CO2, le méthane est le deuxième gaz à effet de serre le plus important. La réduction des émissions de méthane est un donc levier majeur et très impactant dans la lutte contre le changement climatique. &nbsp;<figure class="image"><img src="https://carbone4.com/files/IPCC_AR_6_WGIII_Figure_SPM_5abcd.png"></figure><h4>Sobriété</h4>Changer nos habitudes et adopter un mode de vie plus sobre nous permettrait de réduire nos émissions de 40% à 70% d’ici 2050. Ce levier est essentiel et demande des engagements sociétaux et politiques.&nbsp;<h4>Neutralité planétaire</h4>Afin d’atteindre la neutralité carbone planétaire, il est impérieux d’opérer une réelle transition entre les énergies fossiles et les énergies bas-carbone, et de développer largement les puits de carbone, tant technologiques que naturels, en faisant un meilleur usage des terres et forêts par exemple.&nbsp;Les villes, aujourd’hui sources d’émissions importantes, ont un rôle évident à jouer dans la contribution à la neutralité. La construction et l’usage des infrastructures doivent entre autres être repensées pour tendre vers le net zéro. A ce propos, nous vous invitons à lire la publication “<a href="https://www.carbone4.com/publication-infrastructures-france">Le rôle des infrastructures dans la transition bas-carbone et l’adaptation au changement climatique de la France</a>” publiée fin 2021.&nbsp;<h4>Émissions négatives</h4>Le développement de puits de carbone, naturels ou technologiques est indispensable à l’atteinte de la neutralité planétaire.&nbsp;<h4>Développements technologiques</h4>L’innovation technologique au service de la réduction des émissions (électrification des véhicules, énergies renouvelables, matériaux de construction bas-carbone etc.) est un levier à ne pas négliger dans la transition énergétique. Cependant, elle ne constitue pas une réponse complète et durable.&nbsp;<figure class="image"><img src="https://carbone4.com/files/IPCC_AR_6_WGIII_Figure_SPM_6.png"></figure><h4>Équité sociale</h4>Les travaux rassemblés par le GIEC, au-delà de modélisation de flux physiques, ont également traité des aspects sociaux favorisant la transition bas-carbone. L’équité et la justice sociale renforce la participation significative de tous les acteurs et la motivation des sociétés à atténuer le changement climatique. Elles peuvent donner lieu à des compromis, qui pourraient être arbitrés par des décisions politiques.&nbsp;&nbsp;<h4>Engagements politiques et financiers</h4>Si des politiques climatiques sont aujourd’hui en place, elles restent insuffisantes pour engranger une transition. Sans de nouvelles réglementations fortes et radicales, les émissions continueront d’augmenter passé 2025, mettant en péril les objectif 1,5°C et 2°C, qui assureraient encore une vie juste et viable sur Terre.&nbsp;De son côté, le secteur de la finance, nécessaire pour accompagner et financer la transition, tarde à engranger une réelle transition et ne prend pas des engagements à la hauteur des enjeux. La finance doit prendre ses responsabilités et participer à la lutte face au changement climatique.&nbsp;<h2>Conclusion</h2>Ce dernier rapport du GIEC est clair&nbsp;: il faut agir aujourd’hui, maintenant, tout de suite.&nbsp;Des solutions existent dans tous les secteurs pour réduire les émissions à grande échelle.&nbsp;Nous devons sortir des énergies fossiles au plus vite et transitionner vers des énergies bas-carbone, comme le nucléaire ou les énergies renouvelables. Les progrès observés autour de ces dernières, en termes de baisse des coûts et d’amélioration des technologies sont porteurs d’espoir.&nbsp;&nbsp;Les politiques doivent prendre la mesure de l’urgence, s’emparer du sujet et adopter des mesures concrètes et ambitieuses pour faire face à la menace climatique. Ils doivent également agir sur les inégalités et aspirer à une justice sociale, qui sera équitable et encouragera la société dans son ensemble à atténuer le changement climatique.&nbsp;Le secteur de la finance a lui aussi un rôle clé à jouer dans l’accompagnement vers un monde bas-carbone. Les capitaux, largement disponibles, sont encore mal alloués pour faire face à la dérive climatique.&nbsp;Le levier de la sobriété et de la transformation de nos modes de vie est également essentiel et complémentaire.&nbsp;<h2>Approfondir&nbsp;</h2><ul><li>Consulter le rapport, le résumé pour décideurs, le Technical Summary, la FAQ&nbsp;: <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/">https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/</a></li><li>Bon Pote - Nouveau rapport du GIEC : agir coûtera moins cher que le Business as Usual&nbsp;: <a href="https://bonpote.com/nouveau-rapport-du-giec-agir-coutera-moins-cher-que-le-business-as-usual/">https://bonpote.com/nouveau-rapport-du-giec-agir-coutera-moins-cher-que-le-business-as-usual/</a>&nbsp;</li><li>Greenpeace – Rapport du GIEC&nbsp;: les solutions urgentes pour le climat&nbsp;: <a href="https://www.greenpeace.fr/rapport-du-giec-les-solutions-urgentes-pour-le-climat/">https://www.greenpeace.fr/rapport-du-giec-les-solutions-urgentes-pour-le-climat/</a></li><li>Pour un réveil écologique – 6e rapport du GIEC – dernier volet, présentation du rapport complet&nbsp;: <a href="https://pour-un-reveil-ecologique.org/fr/articles/6e-rapport-du-giec-dernier-volet-presentation-du-rapport-complet/">https://pour-un-reveil-ecologique.org/fr/articles/6e-rapport-du-giec-dernier-volet-presentation-du-rapport-complet/</a></li><li>Youmatter – Que retenir du rapport du groupe 3 du GIEC&nbsp;?&nbsp;: <a href="https://youmatter.world/fr/resume-rapport-groupe3-giec-2022/#:~:text=Voici%20un%20r%C3%A9sum%C3%A9%20des%20grands,li%C3%A9s%20%C3%A0%20la%20crise%20climatique">https://youmatter.world/fr/resume-rapport-groupe3-giec-2022/#:~:text=Voici%20un%20r%C3%A9sum%C3%A9%20des%20grands,li%C3%A9s%20%C3%A0%20la%20crise%20climatique</a>.</li></ul>

large_Capture d’écran 2022-04-25 à 15.11.13.png

medium_Capture d’écran 2022-04-25 à 15.11.13.png

small_Capture d’écran 2022-04-25 à 15.11.13.png

thumbnail_Capture d’écran 2022-04-25 à 15.11.13.png

Capture d’écran 2022-04-25 à 15.11.13.png

Rapport du groupe III du GIEC : Les points clés

Winter is coming. Pour y faire face, le gouvernement a annoncé son plan de sobriété<a class="footnoteLink" href="#footnote-1">[1]</a> le 6 octobre dernier. Dénommé « Chaque geste compte », l’objectif est de réduire de 10 % notre consommation énergétique d’ici 2 ans (soit environ 150 TWh à économiser par rapport à 2021). Certes, la France n’a jamais autant parlé d’énergie depuis le dernier choc pétrolier, mais rappelons que nous subissons, encore une fois, notre dépendance aux énergies fossiles, notamment au gaz russe ainsi qu’à un manque de planification de notre système énergétique (énergies bas-carbone, et réduction de la consommation).&nbsp;<h2>Confusion du gouvernement sur le terme de sobriété&nbsp;</h2><h3>1. Sobriété ne veut pas dire efficacité</h3>Pour faire face au défi climatique, trois leviers s’offrent à nous pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre (GES) :

large_Sobriete visuel 1-2.png

medium_Sobriete visuel 1-2.png

small_Sobriete visuel 1-2.png

thumbnail_Sobriete visuel 1-2.png

Sobriete visuel 1-2.png

L’efficacité et la sobriété contribuent, toutes les deux, à une réduction de la consommation d’énergie, objectif visé par le gouvernement.Zoomons sur la sobriété car elle comporte plusieurs nuances. Elle vise la tempérance dans nos usages énergétiques démesurés : un changement de comportement, de pratique ou de mode de vie qui génère une baisse de consommation d’énergie. Elle peut être divisée en trois catégories<a class="footnoteLink" href="#footnote-2">[2]</a> :&nbsp;<ul><li>l’anti gaspillage : identifier les économies d’énergie venant d’usages ne rendant en réalité aucun service (ex : l’extinction du chauffage, des lumières ou des appareils en cas d’absence)</li><li>la sobriété individuelle : réduire la consommation à l’échelle individuelle (ex : limiter ses achats à l’essentiel, acheter d’occasion plutôt que neuf, mettre un pull chez soi en hiver)</li><li>la sobriété collective : organiser notre société pour inciter à des changements d’usage (ex : subventionner l’agro-écologie plutôt que l’agriculture utilisatrice d’engrais de synthèse et de produits phytosanitaires émetteurs de GES et d’autres polluants, développer les infrastructures pour donner priorité à la marche et au vélo dans les villes, rendre obligatoire pour tout objet susceptible d’être vendu d’être facilement réparable)</li></ul>Tous ces leviers sont complémentaires et nécessaires à l’atteinte de l’Accord de Paris. Certains sont plutôt consensuels comme la chasse au gaspillage ; d’autres nous conduisent à débattre car des transformations profondes de nos modes d’organisation sont requises. Certains reposent sur la technologie ou la technique ; d’autres vont nécessiter que l’Etat organise les règles du jeu collectif.Structurer le défi qui nous attend de cette manière donne ainsi la capacité aux citoyens de s’approprier l’action de demain. Or, le gouvernement confond tous ces leviers dans ce qu’il a appelé son “plan de sobriété” :

large_Sobriete visuel 2.png

medium_Sobriete visuel 2.png

small_Sobriete visuel 2.png

thumbnail_Sobriete visuel 2.png

Sobriete visuel 2.png

Il paraît essentiel d’utiliser le bon vocabulaire pour fixer un cap clair, à court terme (cet hiver) et à long terme (crise climatique), afin d’aider les Françaises et les Français à se saisir de ce sujet de façon intelligible.<h3>2. Dans sa confusion, le gouvernement parle surtout d’anti-gaspillage et d’efficacité</h3>Quand on analyse en détail les mesures de “sobriété” proposées par le gouvernement, on remarque qu’environ 3/4 d’entre elles sont en fait des mesures d’anti-gaspillage et d’efficacité. Ce n’est pas forcément une surprise car ces leviers font appel à des ressorts psychologiques consensuels. Tout le monde est d’accord pour ne pas chauffer un bâtiment vide ou remplacer une vieille ampoule par une LED. Par ailleurs, le gouvernement s’est surtout adressé aux entreprises plutôt qu’aux ménages, bien moins nombreuses et donc plus faciles à mobiliser.<h2>Ce plan est une première étape, mais ne va pas assez loin</h2><h3>1. D’autres mesures sont déjà bien documentées&nbsp;</h3>En amont de la présentation du plan de sobriété, l’association négaWatt<a class="footnoteLink" href="#footnote-3">[3]</a> a proposé une cinquantaine de mesures pour parvenir aux 10% de réduction de consommation énergétique notamment sur le secteur des bâtiments résidentiels et tertiaires, représentant 45% des consommations françaises, en cumulé sur 2 ans<a class="footnoteLink" href="#footnote-4">[4]</a>.&nbsp;Les propositions ont été retenues, à la fois pour être réalistes et applicables rapidement, mais aussi pour envisager la sobriété, sous toutes ses nuances, comme un levier de long terme indispensable. Pour chaque proposition, les gains énergétiques ont été chiffrés, et les conditions de mise en œuvre, qu’elles soient humaines ou techniques, qualifiées.Nous avons analysé le niveau d’ambition du plan de sobriété du gouvernement avec celui porté par négaWatt. Sur un même périmètre, comparable à celui de l’étude de négaWatt<a class="footnoteLink" href="#footnote-5">[5]</a>, nous avons identifié les mesures également présentes dans le plan de sobriété du gouvernement. Ces dernières couvraient parfois un périmètre plus restreint. Par exemple, le 110 km/h sur autoroute n’est proposé que pour les agents de l’Etat utilisant leur véhicule de service lors de trajets professionnels non urgents. Nous avons alors recalibré les économies d’énergie de négaWatt sur le périmètre couvert par la proposition du gouvernement. Enfin, aucune mesure significative, qui n’aurait pas été proposée par négaWatt, n’a été recensée, hormis le décalage de 15 jours du début et de la fin de la période de chauffe, quand cela est possible et quand la température extérieure le permet<a class="footnoteLink" href="#footnote-6">[6]</a>.En procédant ainsi, l’impact des mesures du plan de sobriété n’atteindrait que l’équivalent de 60% des économies d’énergie des mesures proposées par négaWatt (soit 35 TWh / an au lieu de 60 TWh). On est loin du compte.

large_Sobriete visuel 3.png

medium_Sobriete visuel 3.png

small_Sobriete visuel 3.png

thumbnail_Sobriete visuel 3.png

Sobriete visuel 3.png

Plusieurs mesures significatives proposées par négaWatt manquent à l’appel, et représentent donc un manque à gagner important d’économies d’énergie.&nbsp;Notons également que les mesures du plan de sobriété sont parfois vagues et souvent non chiffrées. Par exemple, le gouvernement reprend la mesure proposée par négaWatt qui consiste à poser des limiteurs de débit sur les robinets et douches des logements, mais il ne précise pas les modalités opératoires, quels types de logements ils visent, quel gain énergétique est espéré. Pour ces mesures, nous avons été conservateurs en considérant 100% des gains énergétiques quantifiés par négaWatt.&nbsp;<h3>2. Un plan pas à la hauteur de l’enjeu</h3>On peut saluer la généralisation des concepts d’efficacité et d’anti-gaspillage énergétique, la concertation avec les différents types d’acteurs, et le fort plan de communication.Néanmoins, plusieurs faiblesses sont clairement identifiées.Premièrement, le mode opératoire repose, en grande partie, sur le volontariat. Le gouvernement propose des éco-gestes mais ne transforme pas le cadre collectif pour structurellement les faciliter. Conclusion : pas de garantie de résultat, avec un dilemme du prisonnier permanent. (Sans règle du jeu collective, l’individu maximise généralement son intérêt au détriment de l’intérêt général. Par exemple, il va s’opposer à la taxation de son billet d’avion alors qu’il faut s’organiser pour que le trafic aérien diminue au global.)Et pourtant, beaucoup d’acteurs sont en attente :<ul><li>58% des Français et Françaises ont bien compris qu’il faudra changer nos modes de vie, et 64% d’entre eux sont prêts à accepter ces changements s’ils sont partagés de façon juste entre tous les membres de notre société<a class="footnoteLink" href="#footnote-7">[7]</a>.</li><li>Les entreprises avec lesquelles nous travaillons l’expriment également. Pourquoi pas payer plus cher l’énergie et les émissions de GES, mais seulement si les concurrents sont logés à la même enseigne, et qu’il y a de la stabilité et de la visibilité à long terme.</li></ul>L’épouvantail invoqué est souvent la privation de liberté individuelle (pouvoir prendre l’avion, rouler en voiture, se chauffer au gaz fossile) mais la guerre en Ukraine nous prive déjà d’une partie de cette liberté, et d’autant plus quand nous sommes dépendants de notre voiture ou de notre chaudière au gaz.&nbsp;L’arsenal de l’Etat permet bien plus qu’un simple appel au volontariat. Et il le fait déjà. Il incite en subventionnant l’isolation. Il contraint en interdisant le renouvellement des chaudières au fioul.&nbsp;Deuxièmement, certaines actions liées à l’efficacité et l’anti-gaspillage peuvent rapidement être mises en place pour atteindre 10 à 20 % de réduction de consommation d’énergie<a class="footnoteLink" href="#footnote-8">[8]</a>. Rien d’illogique à commencer par le plus facile mais ne faudrait-il pas jouer sur tous les fronts pour espérer atteindre plus rapidement les -10% ? Et à plus long terme, il faudra atteindre environ -50% d’ici 2050<a class="footnoteLink" href="#footnote-8">[8]</a>. Ne faudrait-il pas alors entamer les transformations profondes de nos sociétés qui nécessitent nécessairement plus de temps pour être effectives ? Cela aurait l’avantage de nous préparer aux futures crises à venir, et ainsi d’éviter de subir.&nbsp;La première ministre a clamé "La sobriété énergétique, ce n'est pas produire moins”. Petite incompréhension a priori : la sobriété individuelle et collective conduit bien à produire moins de biens matériels. Aucun doute là-dessus, c’est la physique qui nous le dit<a class="footnoteLink" href="#footnote-8">[8]</a>. Et ça ne signifie pas un retour à la bougie mais simplement être plus malin pour ne pas gâcher l’énergie et les matériaux. Dans une économie du partage et du réemploi, on a recours à plus de travail mais à moins de ressources naturelles et d’énergie. A titre d’illustration, Decathlon a récemment lancé une expérimentation visant à proposer un abonnement plutôt que des achats ponctuels d’objets. Avec cet abonnement, vous avez la possibilité d’emprunter une gamme de produits toute l’année, en vous engageant à en prendre soin et à les ramener. Fini la raquette de tennis qui reste dans la cave 20 ans. Decathlon la récupère quand elle n’est plus utilisée, la reconditionne et la remet au pot commun. Et c’est gagnant-gagnant pour tout le monde et la planète, avec un modèle rentable et plus de services de qualité.&nbsp;Le terme qui revient beaucoup dans la campagne de communication du gouvernement est la “chasse aux gaspillages”. Mais en y regardant de plus près, est-ce que le vrai gaspillage énergétique ne serait-il pas d’avoir organisé nos vies de telle manière à devoir se déplacer avec une tonne de métal et acheter 2/3 de vêtements pour ne pas les porter<a class="footnoteLink" href="#footnote-9">[9]</a> ? Cela fait beaucoup d’énergie. A titre d’illustration, c’est l’équivalent de la production énergétique annuelle d’une ferme de panneaux solaires de 230 m2 pour fabriquer une seule voiture, et de 120 m2 pour le carburant d’une voiture sur une année<a class="footnoteLink" href="#footnote-10">[10]</a>.

large_tiffany-nutt-0ClfreiNppM-unsplash.jpg

medium_tiffany-nutt-0ClfreiNppM-unsplash.jpg

small_tiffany-nutt-0ClfreiNppM-unsplash.jpg

thumbnail_tiffany-nutt-0ClfreiNppM-unsplash.jpg

tiffany-nutt-0ClfreiNppM-unsplash.jpg

<a href="https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/dp-plan-sobriete.pdf">https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/dp-plan-sobriete.pdf</a>

<a href="https://tnova.fr/ecologie/transition-energetique/comment-donner-limpulsion-pour-une-sobriete-collective-efficace-et-aller-au-dela-des-symboles/">https://tnova.fr/ecologie/transition-energetique/comment-donner-limpulsion-pour-une-sobriete-collective-efficace-et-aller-au-dela-des-symboles/</a> &nbsp;

<a href="https://negawatt.org/">https://negawatt.org/</a>

<a href="https://negawatt.org/IMG/pdf/220927_sobriete-propositions-chiffrees-de-negawatt.pdf">https://negawatt.org/IMG/pdf/220927_sobriete-propositions-chiffrees-de-negawatt.pdf</a>

Le secteur du bâtiment et 3 mesures sur le transport

Quantification de la mesure “Décaler de 15 jours le début et la fin de la période de chauffe, quand cela est possible et quand la température extérieure le permet.” La période de chauffe conventionnelle se déroule de mi octobre à mi avril. Si la mesure est effective (considérée comme appliquée par 25% de ménages supplémentaires par rapport à aujourd’hui), elle réduirait d’un mois environ cette période de 6 mois de chauffe. Les différents facteurs à prendre en compte sont :- la thermosensibilité (on ne consomme pas autant d’énergie quand il fait 5 ou 10°C dehors). Ces décalages de chauffe se passant aux moments les moins froids de la période de chauffe, on a retenu sur la consommation un effet de 65% inférieur à la moyenne de la consommation de la période de chauffe- le chauffage représente environ 55% des usages énergétiques du bâtiment qui lui même représente 450 000 GWh de consommation énergétique toute l’année tout usageOn parviendrait alors à une économie d’énergie de 3 400 GWh.

Scénarios négaWatt et moyenne des scénarios ADEME- <a href="https://negawatt.org/scenario-2022/energie-finale/energie-total">https://negawatt.org/scenario-2022/energie-finale/energie-total</a>- <a href="https://transitions2050.ademe.fr/">https://transitions2050.ademe.fr/</a>A 2030, les réductions de consommation énergétique se situent entre -20% et -30% par rapport à 2019. On peut raisonnablement penser qu’elles ne sont pas toutes activables très rapidement en 2 ans, comme l’isolation des logements, le développement d’infrastructures cyclables ou la systématisation de la réparabilité des produits vendus. A 2050, l’amplitude de réduction se situe autour de -50% par rapport à 2019.

<a href="https://www.novethic.fr/actualite/social/consommation/isr-rse/infographie-les-10-chiffres-chocs-du-gaspillage-vestimentaire-a-avoir-en-tete-avant-de-faire-les-soldes-146769.html">https://www.novethic.fr/actualite/social/consommation/isr-rse/infographie-les-10-chiffres-chocs-du-gaspillage-vestimentaire-a-avoir-en-tete-avant-de-faire-les-soldes-146769.html</a>

1 panneau photovoltaïque produit 250 kWh en moyenne sur 1 m2. Une ferme solaire occupe 2,5 fois plus de place que la surface des panneaux solaires.&nbsp;-La fabrication d’une voiture moyenne émet 7 tCO2e. Avec une intensité carbone de l’énergie de fabrication fixée à 300 gCO2e/kWh, cela donne environ 25 000 kWh.-La consommation de carburant étant de 7L/100km en moyenne avec une intensité énergétique de 10 kWh/L, cela donne 12 000 kWh sur une année.

Plan de “sobriété” : efficacité et anti-gaspillage ne veulent pas dire sobriété

Dans le cadre de sa thèse à l'ESCP encadrée par Aurélien Acquier sur les outils et méthodologies développés et utilisés par les consultant·es carbone, Camille Habé appuyée de Louise Badoche vous propose, dans une série d’articles, un état des lieux de ce que dit la recherche au sujet de la comptabilité carbone.&nbsp;

Alors que la dérive climatique s’intensifie, que les rapports, de plus en plus nombreux, alertent sur les impacts dont celle-ci menace les sociétés humaines et la biodiversité, et alors qu’il est désormais incontestable que les activités humaines en sont la cause<a class="footnoteLink" href="#footnote-1">[1]</a>, il est absolument primordial de réduire nos émissions de gaz à effet de serre afin de ralentir le changement climatique et d’en limiter ses impacts.&nbsp;Pour ce faire, les politiques, les entreprises et les individus ont chacun, et à leur échelle, leur <a href="https://www.carbone4.com/publication-faire-sa-part">part de responsabilité dans la lutte face au dérèglement climatique.</a>&nbsp;La comptabilité carbone des organisations représente aujourd’hui l’un des outils les plus largement utilisés par les entreprises et est l’une des activités historiques de Carbone 4. Elle consiste à estimer les émissions de gaz à effet de serre de celles-ci à partir de leurs données d’activités. L’idée sous-jacente est alors de permettre aux organisations d’identifier les sources d’émissions les plus importantes pour comprendre leur dépendance énergie-carbone, et prévoir un plan d’action adapté pour la réduction des émissions.&nbsp;&nbsp;<h3>Introduction&nbsp;&nbsp;</h3>En France, un certain nombre d’entreprises sont soumises à l’obligation de publier leurs émissions de gaz à effet de serre<a class="footnoteLink" href="#footnote-2">[2]</a>. Cette obligation n’est toutefois pas toujours respectée<a class="footnoteLink" href="#footnote-3">[3]</a> et la mesure et la publication de ces émissions reste une action volontaire dans la plupart des autres pays du monde. L’une des premières questions auxquelles se sont intéressé·es les chercheur·euses a alors été de chercher à identifier ce qui poussait les entreprises à faire un usage volontaire de la comptabilité carbone et à rendre ces données publiques via des mécanismes de reporting<a class="footnoteLink" href="#footnote-4">[4]</a>. Ces éléments peuvent être regroupés dans deux catégories&nbsp;: les pressions externes et les caractéristiques de l’entreprise.Parmi les facteurs les plus influents, on identifie :&nbsp;<ul><li>La réglementation, qui oblige les entreprises mais également les encourage à être davantage transparentes sur leurs impacts et objectifs environnementaux</li><li>Les guides méthodologiques, rendus publiques par les autorités, qui encouragent à une utilisation générale et qui servent de ligne directrice dans la prise de décision</li><li>Les pressions externes liées aux partis prenantes (ONG ou investisseurs), qui peuvent également avoir un effet mobilisateur pour les entreprises</li><li>La diversité (genre, âge, nationalité, etc.) des membres des équipes dirigeantes, qui mène à une plus grande transparence des données environnementales</li></ul><h3>&nbsp;</h3><h3>Des pressions externes qui encouragent à la transparence sur les émissions</h3>Parmi les pressions externes qui poussent les entreprises à faire du reporting carbone, la mieux identifiée est l’effet des réglementations telles que les <a href="https://podcast.ausha.co/sans-detour/reporting-climat">obligations de reporting</a> ou l’existence d’un marché du carbone<a class="footnoteLink" href="#footnote-5">[5]</a><a class="footnoteLink" href="#footnote-6">[6]</a>.&nbsp; En se basant sur le cas de l’Australie, des chercheurs ont par ailleurs trouvé que l’obligation de faire un reporting auprès des autorités publiques n’augmente pas uniquement le reporting obligatoire, mais aussi le reporting de données climat non requises par les autorités publiques<a class="footnoteLink" href="#footnote-7">[7]</a>.&nbsp;En l’absence de réglementation, la seule publication de guides méthodologiques par les autorités publiques aurait également un effet sur la part des entreprises qui font du reporting carbone<a class="footnoteLink" href="#footnote-8">[8]</a>. C’est ce qui a été observé au Royaume-Uni, où la publication d’un guide par le Département de l’Environnement, de la Nourriture et des Affaires Rurales a augmenté significativement la part d’entreprises faisant du reporting carbone, alors même que des guides comme le GHG Protocol existaient déjà<a class="footnoteLink" href="#footnote-8">[8]</a>.&nbsp;La pression des autres parties prenantes – consommateur·ices, médias, employé·es, etc – augmenterait également la propension à reporter ses émissions<a class="footnoteLink" href="#footnote-9">[9]</a><a class="footnoteLink" href="#footnote-10">[10]</a>. Par exemple, Liesen et ses collègues ont trouvé un lien entre le fait d’être observé par les ONGs et celui de réaliser un reporting climat<a class="footnoteLink" href="#footnote-10">[10]</a>.&nbsp;Toutefois, le lien entre pression des investisseurs et reporting semble difficile à établir et les études sur le sujet suggèrent soit une absence de lien, soit un lien positif faible entre pression des investisseurs et reporting<a class="footnoteLink" href="#footnote-10">[10]</a><a class="footnoteLink" href="#footnote-11">[11]</a>.&nbsp;De plus, les résultats de Liesen &amp; al. suggèrent que la pression des parties prenantes augmente certes la part d’entreprises qui publient des données, mais n’assure pas forcément la qualité, ni la complétude des données publiées<a class="footnoteLink" href="#footnote-10">[10]</a>.&nbsp;Enfin, l’environnement compétitif peut encourager le reporting. Il a ainsi été observé que plus le marché est concentré (c’est-à-dire avec peu de grandes entreprises), plus il y a de chances que les entreprises présentes sur ce marché publient leurs données carbone<a class="footnoteLink" href="#footnote-12">[12]</a>. Une des explications proposées serait que les secteurs les plus polluants&nbsp;feraient davantage de reporting carbone que les autres car ils subiraient une pression régulatoire plus importante<a class="footnoteLink" href="#footnote-13">[13]</a><a class="footnoteLink" href="#footnote-14">[14]</a>.&nbsp;<h3>&nbsp;</h3><h3>Des caractéristiques structurelles à l’entreprise qui favorisent le reporting carbone&nbsp;</h3>Des éléments propres à l’entreprise peuvent également jouer. Les entreprises les plus grandes<a class="footnoteLink" href="#footnote-5">[5]</a><a class="footnoteLink" href="#footnote-13">[13]</a><a class="footnoteLink" href="#footnote-14">[14]</a> et générant le plus de profits<a class="footnoteLink" href="#footnote-12">[12]</a> seraient plus promptes à reporter leurs émissions de gaz à effet de serre.&nbsp;De plus, il semblerait qu’une plus grande diversité dans la composition des comités de direction des entreprises - diversité d'âges, de nationalités, de genre, etc - augmenterait la propension à faire du reporting<a class="footnoteLink" href="#footnote-15">[15]</a><a class="footnoteLink" href="#footnote-16">[16]</a>. La présence de plus de femmes dans les boards améliorerait même la qualité des données publiées<a class="footnoteLink" href="#footnote-17">[17]</a>. C’est ce qu’avance l’étude «&nbsp;Women on Boards and Greenhouse Gas Emission Disclosures&nbsp;», pour laquelle les auteur·ices ont analysé un échantillon d’entreprises en Australie à une époque où les entreprises cotées en bourse n'étaient ni tenues de nommer des femmes au conseil d'administration ni tenues de déclarer leurs émissions de gaz à effet de serre. Les résultats ont révélé que les entreprises dont le conseil d’administration est composé d’au moins deux femmes publient des données sur les émissions carbone de meilleure qualité que les autres. De manière générale, les entreprises qui comptent plusieurs femmes directrices semblent partager davantage d’informations concernant les stratégies, initiatives et objectifs en lien avec les émissions de gaz à effet de serre.En revanche, la recherche ne permet pas de trancher sur la question de savoir si les entreprises les plus à même de publier leurs données seraient celles qui ont de meilleurs performances environnementales<a class="footnoteLink" href="#footnote-12">[12]</a><a class="footnoteLink" href="#footnote-18">[18]</a>, ou au contraire celles qui en affichent de moins bonnes et qui chercheraient à se légitimer en partageant davantage de données<a class="footnoteLink" href="#footnote-5">[5]</a><a class="footnoteLink" href="#footnote-19">[19]</a>.<h3>&nbsp;</h3><h3>Conclusion&nbsp;</h3>Les recherches pointent donc que plusieurs facteurs encouragent les entreprises à reporter leurs émissions de gaz à effet de serre, et plus généralement leurs données environnementales.&nbsp;Que ce soit via la réglementation, le partage d’outils méthodologiques, l’influence des parties prenantes telles que les ONG ou les consommateur·ices, la concurrence inter entreprises ou la diversité des équipes dirigeantes, différents vecteurs existent pour encourager les entreprises à mesurer leurs émissions et à les reporter.&nbsp;&nbsp;

large_usgs-EpTN7eW3OZs-unsplash.jpg

medium_usgs-EpTN7eW3OZs-unsplash.jpg

small_usgs-EpTN7eW3OZs-unsplash.jpg

thumbnail_usgs-EpTN7eW3OZs-unsplash.jpg

usgs-EpTN7eW3OZs-unsplash.jpg

<a href="https://www.ipcc.ch/">Sixième rapport d’évaluation du GIEC</a>

<a href="https://www.carbone4.com/analyse-reporting-carbone-entreprises-faut-il-augmenter-les-exigences">Carbone 4 : Crise des approvisionnements et du climat : faut-il augmenter les exigences de reporting carbone pour les entreprises ?</a>

<a href="https://librairie.ademe.fr/changement-climatique-et-energie/5919-evaluation-2021-de-la-reglementation-des-bilans-d-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre.html">Ademe, Evaluation 2021 de la Réglementation des Bilans d'Emissions de Gaz à Effet de Serre</a>

Les études sur ce sujet sont généralement quantitatives et se basent sur des données publiques, c’est-à-dire les informations que les entreprises publient volontairement dans le cadre d’un reporting carbone (qui peut avoir lieu dans leurs rapports annuels ou via des plateformes de reporting telles que le Carbone Disclosure Project (CDP)). Si se baser sur des données publiques est inévitable pour des questions d’accessibilité, cela comporte une limite importante : les entreprises qui font de la comptabilité carbone sans faire de reporting ne sont pas prises en compte dans ces études.

Alrazi, Bakhtiar, Charl de&nbsp;Villiers, et Chris J. Van Staden. 2016. «&nbsp;The Environmental Disclosures of the Electricity Generation Industry: A Global Perspective&nbsp;». Accounting and Business Research 46(6): 665‑701.

He, Rong, Le Luo, Abul Shamsuddin, et Qingliang Tang. 2022. «&nbsp;Corporate Carbon Accounting: A Literature Review of Carbon Accounting Research from the Kyoto Protocol to the Paris Agreement&nbsp;». Accounting &amp; Finance 62(1): 261‑98.

Liu, Zihan, Subhash Abhayawansa, Christine Jubb, et Luckmika Perera. 2017. «&nbsp;Regulatory Impact on Voluntary Climate Change-Related Reporting by Australian Government-Owned Corporations: LIU et al .&nbsp;» Financial Accountability &amp; Management 33(3): 264‑83.

Tauringana, Venancio, et Lyton Chithambo. 2015. «&nbsp;The Effect of DEFRA Guidance on Greenhouse Gas Disclosure&nbsp;». The British Accounting Review 47(4): 425‑44.

Guenther, Edeltraud, Thomas Guenther, Frank Schiemann, et Gabriel Weber. 2016. «&nbsp;Stakeholder Relevance for Reporting: Explanatory Factors of Carbon Disclosure&nbsp;». Business &amp; Society 55(3): 361‑97.

Liesen, Andrea, Andreas G. Hoepner, Dennis M. Patten, et Frank Figge. 2015. «&nbsp;Does Stakeholder Pressure Influence Corporate GHG Emissions Reporting? Empirical Evidence from Europe&nbsp;». Accounting, Auditing &amp; Accountability Journal 28(7): 1047‑74.

Velte, Patrick, Martin Stawinoga, et Rainer Lueg. 2020. «&nbsp;Carbon Performance and Disclosure: A Systematic Review of Governance-Related Determinants and Financial Consequences&nbsp;». Journal of Cleaner Production 254: 120063.

Ott, Christian, Frank Schiemann, et Thomas Günther. 2017. «&nbsp;Disentangling the Determinants of the Response and the Publication Decisions: The Case of the Carbon Disclosure Project&nbsp;». Journal of Accounting and Public Policy 36(1): 14‑33.

Rankin, Michaela, Carolyn Windsor, et Dina Wahyuni. 2011. «&nbsp;An investigation of voluntary corporate greenhouse gas emissions reporting in a market governance system: Australian evidence&nbsp;». Accounting, Auditing &amp; Accountability Journal 24(8): 1037‑70.

Tang, Qingliang, et Le Luo. 2016. «&nbsp;Corporate Ecological Transparency: Theories and Empirical Evidence&nbsp;». Asian Review of Accounting 24(4): 498‑524.

Elleuch Lahyani, Fathia. 2022. «&nbsp;Corporate Board Diversity and Carbon Disclosure: Evidence from France&nbsp;». Accounting Research Journal 35(6): 721‑36.

Elsayih, Jibriel, Qingliang Tang, et Yi-Chen Lan. 2018. «&nbsp;Corporate Governance and Carbon Transparency: Australian Experience&nbsp;». Accounting Research Journal 31(3): 405‑22.

Hollindale, Janice, Pamela Kent, James Routledge, et Larelle Chapple. 2019. «&nbsp;Women on Boards and Greenhouse Gas Emission Disclosures&nbsp;» éd. Tom Smith. Accounting &amp; Finance 59(1): 277‑308.

Datt, Ragini Rina, Le Luo, et Qingliang Tang. 2019. «&nbsp;Corporate Voluntary Carbon Disclosure Strategy and Carbon Performance in the USA&nbsp;». Accounting Research Journal 32(3): 417‑35.

Momin, Mahmood Ahmed, Deryl Northcott, et Mohammed Hossain. 2017. «&nbsp;Greenhouse Gas Disclosures by Chinese Power Companies: Trends, Content and Strategies&nbsp;». Journal of Accounting &amp; Organizational Change 13(3): 331‑58.

Qui mesure ses émissions et pourquoi ?

Louise a rejoint l'équipe communication du groupe Carbone 4 en septembre 2020.&nbsp;Après avoir travaillé dans le secteur de la valorisation des déchets, en marketing et communication, elle participe aujourd'hui au développement de la stratégie de communication de Carbone 4 et au rayonnement du cabinet.&nbsp;&nbsp;

Louise Badoche

Formation

Champs d'expertises

Ressources par cette autrice

Nous rejoindre